Une paradoxale oppression

Le pouvoir et les associations en Russie

À l’hiver 2011-2012, pour dénoncer les fraudes électorales, les citoyens russes sont descendus par dizaines de milliers dans les rues de Moscou. Surpris par ce réveil de la société civile, le Kremlin leur a aussitôt opposé les forces de l’ordre et accentué la lutte contre la présence étrangère dans le pays. La répression a alimenté la chronique de l’autoritarisme russe.

Pourtant, depuis le début des années 2000, si le gouvernement recourt à la force, il emprunte aussi des outils à la démocratie libérale. Cet étonnant paradoxe est au cœur de ce livre. Les autorités russes mettent en effet en œuvre des programmes de soutien à la société civile qui permettent le développement de formes plus douces de contrainte politique, en s’appuyant sur un mélange complexe de coercition et d’incitations. Cette ambivalence trouble jusqu’aux défenseurs des droits de l’homme, à la recherche de compromis entre affrontement et coopération.

Fondé sur des enquêtes de terrain, ce livre renouvelle l’analyse des relations entre l’État et la société dans la Russie contemporaine. En replaçant les mobilisations actuelles et les choix de Vladimir Poutine dans une perspective historique, il montre comment le pouvoir russe innove et se modernise pour mieux consolider sa domination politique.