Cet axe de recherche est consacré à l’étude des conditions de création, diffusion et réception des arts et cultures visuels, sonores et littéraires. Il s’intéresse notamment aux industries culturelles (leurs cadres, leurs valeurs, leurs commanditaires, leurs marginaux, etc.), au statut des créateurs, des intermédiaires et des destinataires à travers l’étude de parcours individuels et collectifs, aux discours politiques, aux normes explicites et implicites, aux mécanismes de censure et de constitution des pans d’opinion. L’analyse des formes et supports se conçoit dans une perspective enrichie de l’apport des démarches intermédiales (musique et cinéma, textes et images dans l’illustration, etc.). Il s’agit de replacer les productions et pratiques culturelles dans une perspective historique et internationale.

L’axe est ouvert aux périodes impériale, soviétique et post-soviétique et aux continuités et ruptures entre ces périodes. La question des transferts (culturels, techniques, de formats, de savoir-faire professionnels) est aussi présente à l’échelle nationale (ville/campagne), entre les républiques soviétiques, les pays du bloc de l’Est, et avec les pays occidentaux et orientaux. Ce travail vise notamment à repenser les catégories qui ont longtemps servi d’entrées à l’analyse d’un art soviétique sous contrainte mais qui sont remises en question depuis le début des années 2000 : art officiel versus non officiel ou indépendant, avant-garde versus réalisme socialiste, Ouest versus Est, individu versus collectif, etc. Cet axe de recherche se nourrit de méthodes, sources et concepts empruntés à différentes disciplines : histoire sociale, économique et politique, histoire des arts, des sciences et des techniques, anthropologie, sociologie, esthétique, science politique. Il donne à voir, par exemple, une histoire institutionnelle des arts inscrite dans son contexte politique.

Cet axe bénéficie des apports du séminaire collectif « Cultures visuelles : Histoire croisée du regard soviétique » organisé à l’EHESS depuis 2015 qui constitue un lieu nouveau de discussion des recherches portant sur les arts et industries visuelles à l’époque soviétique. Il s’inscrit dans le prolongement d’un ensemble de recherches consacrées au cinéma soviétique (V. Pozner, I. Tcherneva, M. Golik, V. Voisin) et à l’iconographie soviétique (G. Ritterporn). Dans le domaine de l’édition, des travaux récents viennent renouveler les recherches portant sur la littérature pédagogique soviétique et ses usages de l’image (C. Pichon-Bonin) ou sur les transformations de l’édition post-soviétique (B. Ostromooukhova). Dans le domaine de la musique, l’histoire du disque et de l’enregistrement proposée par N. Moine, fondée sur la collecte de nouvelles sources archivistiques, offre de belles perspectives dans le domaine de l’histoire culturelle de la période soviétique. Pour la période post-soviétique, les travaux de Yauheni Kryzhanouski sur le rock viennent reposer la question de la censure. La dimension transnationale des échanges artistiques est prise en compte dans l’ensemble de ces travaux, elle est plus précisément au cœur des recherches de J. Milbach et I. Podoroga. La constitution de cet axe nouveau « Création, diffusion et réception des biens culturels dans l’espace impérial, soviétique et post-soviétique » au CERCEC vient structurer un ensemble de recherches particulièrement innovantes sur ces questions.

Projets

→ Séminaire collectif « Cultures visuelles : Histoire croisée du regard soviétique », co-animé par Gabor Rittersporn, Juliette Milbach, Cécile Pichon-Bonin, Valérie Pozner, Irina Tcherneva, Vanessa Voisin
→ Projet de préfiguration du LabEx Tepsis « Sons d’empire. Histoire du disque et de l’enregistrement de la fin de l’empire russe à la fin de la période soviétique » (Nathalie Moine)