Appel à la libération de Tatiana Kouzina et à la fin des répressions contre le monde académique au Bélarus

Depuis le 28 juin 2021, la chercheuse biélorusse en science politique Tatiana Kouzina est placée en détention provisoire. Bien que les faits qu’on lui reproche relèvent uniquement de sa participation à des activités de recherche et d’expertise, elle est accusée de « complot visant à s’emparer du pouvoir » et d’« appels à des actions portant atteinte à la sécurité nationale », crimes passibles d’une peine jusqu’à douze ans de prison. Au regard du contexte de son interpellation et des chefs d’accusation avancés, Tatiana Kouzina a été reconnue prisonnière politique par les ONG biélorusses de défense des droits humains.

 

Chercheuse à l’École des jeunes cadres en administration publique (SYMPA) et à l’Institut biélorusse pour la réforme et la transformation de l’administration publique (BIPART), Tatiana Kouzina est reconnue pour ses travaux de recherche et d’expertise sur la société civile et l’action publique au Bélarus. Entre 1996 et 2009, elle a travaillé à l’Université européenne des sciences humaines (EHU) en qualité d’enseignante, de vice-doyenne du Département franco-biélorusse des sciences politiques et de responsable du service des relations publiques et internationales. Jusqu’à la fermeture de cette université par les autorités en 2004 et à son déménagement forcé de Minsk à Vilnius, elle a été coordinatrice locale du programme d’enseignements francophones en science politique réalisé en partenariat avec les Instituts d’Études Politiques de Strasbourg, Grenoble, Lyon et Bordeaux et sous le patronage du ministère des Affaires étrangères français. Tatiana Kouzina s’est aussi rendue à plusieurs reprises en France pour intervenir auprès de différents services du Conseil de l’Europe.

Les poursuites engagées contre Tatiana Kouzina sont à l’image de la répression qui touche durement la société civile, et, depuis quelques mois, plus spécifiquement la communauté académique au Bélarus. Des dizaines de chercheurs et d’intellectuels critiques à l’égard du pouvoir sont aujourd’hui poursuivis au pénal dans le cadre d’enquêtes instruites pour motifs politiques aux côtés des militants, journalistes et défenseurs des droits humains : certains se trouvent derrière les barreaux, d’autres ont dû emprunter le chemin de l’exil. De nombreux universitaires travaillant dans des établissements publics sont aussi licenciés pour leurs prises de position critiques.

 

Tout se passe comme si les autorités biélorusses considéraient les libertés de parole et de pensée, celles d’enseigner et d’étudier le monde social, tout en mettant en lumière les mécanismes de domination et les formes de résistance, comme un danger et cherchaient, en conséquence, à proscrire l’enseignement et la recherche indépendantes en sciences humaines et sociales. Attachés au respect des libertés académiques, nous exprimons notre solidarité avec Tatiana Kouzina et ses collègues, enseignants-chercheurs et experts emprisonnés, et exigeons leur libération immédiate, ainsi que la fin des répressions contre la société civile au Bélarus.

 

Le CERCEC s’associe à toutes les initiatives visant à obtenir la libération de Tatiana Kouzina et demande la fin des répressions contre le monde académique au Belarus.